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Il y a deux semaines, Hélène Maes, du centre d’art et de recherche Bétonsalon à Paris, nous a contactés au sujet de l’exposition « Anywhere but here » pour nous inviter gracieusement à une visite guidée. Sur leur site, une description très complète :

« Anywhere But Here (N’importe où sauf ici, គ្រប់ទីកន្លែង លើកលែងទីនេះ) ras­sem­ble des œuvres qui exa­mi­nent des cir­cu­la­tions d’objets, de figu­res ou de gestes qui ont comme point de pas­sage le Cambodge, et plus lar­ge­ment le contexte géo­po­li­ti­que de l’Asie du Sud-Est. Travaillant autour de la notion de déter­ri­to­ria­li­sa­tion – qu’elle soit forcée ou volon­taire, issue de glis­se­ments de sens incontrô­lés ou de trans­ferts minu­tieu­se­ment orches­trés – les nar­ra­tions col­lec­tées dans cette expo­si­tion for­ment des entrées détour­nées pour ques­tion­ner les pro­ces­sus de cons­truc­tions his­to­ri­ques et les héri­ta­ges patri­mo­niaux. » 

« Les oeu­vres de l’expo­si­tion se concen­trent sur des mou­ve­ments en marge de moments his­to­ri­ques, comme les exils forcés ou les migra­tions volon­tai­res d’intel­lec­tuels d’Asie du Sud-Est en France et dans ses autres colo­nies (Hàm Nghi, Tran Minh Duc). Les oeu­vres de Thao-Nguyen Phan évoquent les inci­den­ces enfouies des ingé­ren­ces de la France et du Japon sur l’évolution des pay­sa­ges agri­co­les et des formes de défé­rence, alors que d’autres artis­tes inven­tent des dépla­ce­ments fic­tion­nels à partir de lieux patri­mo­nia­li­sés (Shooshie Sulaiman,Pratchaya Phinthong). Certains tra­vaux retra­cent des tra­jec­toi­res inti­mes d’objets ou d’ano­ny­mes (Felix González-Torres, Khvay Samnang, Vuth Lyno), tandis que d’autres pren­nent comme point de départ des voya­ges d’artis­tes oscil­lant entre la quête de perte de repère et la recher­che de pos­si­bles ori­gi­nes mani­fes­tes (Albert Samreth, Singapore Art Archive Project, Vandy Rattana). »

C’était par conséquent l’occasion idéale pour nous de faire davantage connaissance avec la culture et le patrimoine vietnamien, mais aussi de l’Asie du Sud-Est, à travers des manifestations et expressions artistiques.

Nous remercions Hélène Maes de nous avoir contactés ainsi que Laura Pouppeville qui nous a fait la visite. Si vous êtes intéressés par une petite sortie culturelle, voici leur site et leur page facebook. L’exposition dure jusqu’au 5 novembre 2016, et de nombreux événements sont prévus durant le mois à cette occasion.

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Un set de plusieurs photographies de l’artiste cambodgien Vandy Rattana.

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Oeuvre de Khvay Samnang : lorsque le symbolisme spirituel représenté par les yantras, chargés d’énergie à cette occasion par un moine, côtoie le sens plus matérialiste qu’on leur prête qu’est l’argent. Dans son oeuvre, l’artiste cambdogien dissèque, à la manière d’un anthropologue, des coutumes et gestes symboliques de la société cambodgienne et de sa diaspora. Il a alors invité plusieurs membres de cette communauté à déposer dans cet espace des objets rituels bouddhiques, chargés par un moine bouddhique et entourés d’une corde de coton, utilisée traditionnellement pour conférer un pouvoir magique de protection aux objets et personnes qu’elle entoure. Au pied de l’oeuvre était déposée une bouteille d’eau bénite.

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Un travail de recherche historique minutieux sur le prince vietnamien Canh, élaboré par l’artiste vietnamien Tran Minh Duc.

dsc_0268Oeuvre de l’artiste vietnamien Thay-Nguyen Phan, « Looking down » : l’artiste explore une période peu connue de l’Histoire du Viet-Nam qu’est l’occupation de l’Indochine par l’armée japonaise après un accord signé par la France en 1940. L’oeuvre suggère la domination d’une autorité sur le corps même des individus, représentée par l’acte de se courber.

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Autre oeuvre de l’artiste Thao-Nguyen Phan, « Heads » qui s’inscrit dans le même contexte : cette fois-ci, l’oeuvre évoque un autre épisode de l’occupation japonaise qui est la famine, suite à l’accaparement des ressources agricoles et l’injonction aux paysans vietnamiens de déraciner leurs plants de riz pour planter du jute, matériau nécessaire à la fabrication de la poudre à canon. Le jute est ici réincarné dans l’oeuvre dont la forme s’inspire d’un arbre « Ma Mot », objet rituel pour guérir les maladies. Les petites têtes de bronze qui y sont accrochées, à l’image d’amulettes, représentent les portraits des paysans dont elle a rencontré les histoires au cours de ses recherches.

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Nous avons pu rencontrer l’artiste vietnamien Tran Minh Duc (au centre) à qui nous avons posé quelques questions et qui nous a expliqué sa démarche artistique, notamment sur son projet sur les deux photos précédentes. Parti sur la base d’un des rares ouvrages d’histoire écrit par un cambodgien, « Cambodia’s Crisis » de Sav Chat, il en a imprimé les différents portraits de figures cambodgiennes et vietnamiennes liées au régime des Khmers rouges, qu’il a recouvert symboliquement d’une dentelle rose, couleur plus douce et moins tranchante que le rouge. Sur un écran se déroule la construction de son travail : on le voit aidé d’un étudiant khmer qui lui donne une traduction grossière de l’ouvrage, contrebalancée par les corrections d’un historien derrière la caméra. Ces allers-retours entre le texte et les protagonistes posent la question de l’accessibilité à l’histoire, de la fragmentation des savoirs et de leur transmission.

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Une installation de Vuth Lyno, qui questionne le public sur le bien-fondé de la mission de maintien de la paix des Casques Bleus lors de l’opération UNTAC au Cambodge, de 1992 à 1993. Les dossiers bleus retracent le portrait d’enfants de Casques Bleus abandonnés au Cambodge après le départ des troupes.

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